samedi, août 04, 2007
Cris de bêtes par milliers
A Berlin, des cris de bêtes par milliers pour les curieux et les chercheurs.
AFP berlin
Hululements, barrissements ou glougloutements: les "Archives sonores des cris animaliers", conservées depuis 1951 dans une université berlinoise, proposent aux scientifiques et aux curieux une plongée unique dans quelque 110.000 cris d'oiseaux, de mammifères et autres reptiles.
Cette collection rattachée à l'université Humboldt de Berlin - l'une des trois plus grandes au monde avec la Macaulay Library, près de New York, et la British Library de Londres -, fait une place à la diversité du vivant sur toute la planète, en répertoriant même les chants ou les bruits émis par les invertébrés et les poissons.
"On est souvent surpris. Certains poissons produisent des sons très mélodieux", explique le conservateur de la banque de données, le biologiste Karl-Heinz Frommolt. Contre toute attente également, la reine des abeilles émet un son plus proche du cri d'un singe que d'un bourdonnement, explique le scientifique, spécialiste de bioacoustique.
Les dizaines de milliers de sons conservés - à l'origine sur des bandes magnétiques, mais la numérisation de la collection sur CD et DVD est quasiment achevée -, ont avant tout une valeur encyclopédique: plus de 1.600 cris d'animaux ont ainsi été fournis en 2005 à la maison d'édition "Brockhaus"pour son encyclopédie audio. Mais les responsables de la collection tiennent à lui conserver également une mission scientifique et pédagogique, en offrant aux chercheurs et aux écoliers un accès gratuit à leurs banques de données.
Une partie des enregistrements sera d'ailleurs prochainement mise à la disposition du grand public, via internet. En attendant, tout un chacun peut déjà télécharger, en guise de sonnerie pour son téléphone portable, le cri d'un phoque de Sibérie ou celui d'un caïman d'Amérique du Sud, et ce grâce à un partenariat entre le centre d'archives et un grand fabricant de téléphones.
Le site, qui connaît un certain succès, constitue ainsi une source de financement complémentaire au très modeste budget fourni par l'université.
Mais les archives fournissent également certains enregistrements à titre gratuit, par exemple à des associations de défense de la faune. Un organisme luttant pour la protection des loups en Allemagne "offre" ainsi à ses donateurs des cris d'animaux fournies par les archives berlinoises.
Car les responsables des "Archives sonores" ont à coeur de lutter à leur manière pour la préservation de l'environnement.
La collecte des données
elle-même participe de cet engagement: grâce à un logiciel de reconnaissance sonore, les enregistrements permettent d'identifier et donc de recenser les espèces qui peuplent un espace, sans pour autant les déranger. "La méthode acoustique est très utile pour déterminer les mesures de protection environnementale à prendre", explique M. Frommolt.
Au-delà de la prise de son et de l'archivage, le centre collabore également à des projets de recherche: il prend part actuellement à une étude sur la manière dont communiquent entre eux les canidés (loups, renards, chacals).
Si les archives berlinoises séduisent les internautes et les amateurs de sonneries insolites, elles n'ont en revanche, bizarrement, jamais vraiment intéressé l'industrie du cinéma, pourtant friande d'illustrations sonores.
C'est que les maisons de production possèdent leurs propres archives, explique M. Frommolt, qui déplore que le cinéma utilise en fait toujours les mêmes enregistrements. "Depuis les années 70, j'entends constamment le même oiseau", soupire le chercheur, dont l'oreille fine relève les moindres détails. "En général, les chants d'oiseaux dans les films viennent de Virginie, aux Etats-Unis, même si l'histoire se déroule en Europe ou en Afrique".
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